17.
Le nouveau coven

 

14 avril 1983

 

Je craignais de les avoir plantés trop tôt mais mes petits pois grandissent à vue d’œil. Ils symbolisent ma nouvelle vie : j’ai du mal à croire qu’ils s’adaptent si vite. Sans aucune aide magyque. Parfois, le besoin de communier avec la Déesse est si fort qu’il en est douloureux. C’est comme si quelque chose ne demandait qu’à sortir. Mais cette époque est terminée, et il n’en reste que deux choses : mon nom et Angus.

Nous sommes maintenant trois à la maison : une petite chatte gris et blanc nous a rejoints. Je l’ai appelée Bridget. Elle est adorable et ronronne comme une locomotive. Sa présence me remplit de joie.

 

M.R.

 

 

* * *

 

 

En fin d’après-midi, alors que j’étais dans mon lit avec un sac de glace sur le visage, on a sonné à la porte.

J’ai tout de suite deviné que c’était Cal. J’ai essayé d’écouter ce qu’il disait à ma mère, mais, même en me concentrant, je n’entendais presque rien.

— Eh bien, Cal, je ne sais pas trop…

— Maman ! est intervenue Mary K. Je ferai le chaperon, si tu veux.

Un instant plus tard, ma mère est entrée. Elle voulait sûrement s’assurer que j’étais habillée convenablement et que je ne portais pas une chemise de nuit transparente… J’avais enfilé un bas de jogging informe et un sweat blanc. Ma mère m’avait aidée à nettoyer le sang qui me poissait les cheveux, mais je ne les avais pas séchés et ils pendouillaient sur mes épaules comme des queues de rat humides. En bref, je m’étais rarement sentie aussi moche.

Cal est venu s’asseoir au bord du lit. En sa présence, ma chambre rose, avec ses rideaux à volants, me semblait bien enfantine.

Note pour plus tard : redécorer tout ça.

— Comment va la blessée de guerre ? m’a-t-il demandé, ce qui m’a fait rire malgré moi.

— Aïe, faut pas que je rigole, ça fait mal.

Ma mère, sans doute rassurée sur ma tenue, a quitté la pièce, laissant la place à Mary K.

— Avoue que tu ne l’as jamais trouvée aussi belle ! a lancé celle-ci à Cal. Je parie que d’ici à jeudi son visage sera tout jaune et vert ! Un vrai feu d’artifice !

Elle serrait dans ses bras un ours en peluche qui portait un tablier en forme de cœur.

— C’est pour moi ? ai-je demandé naïvement.

— Non, c’est Bakker qui me l’a donné, a-t-elle déclaré, l’air embarrassé.

Ça ne m’étonnait pas. Il avait déjà envoyé des tonnes de fleurs et laissé des messages sur notre perron. Il avait aussi appelé plusieurs fois et, quand j’avais décroché, il m’avait même présenté des excuses. Mary K. était en train de se laisser amadouer.

— T’as pas des devoirs à finir ? lui ai-je demandé.

— J’ai promis à maman de tenir la chandelle, a-t-elle protesté.

Devant mon expression, elle s’est ravisée et est partie dans sa chambre.

— Je ne voulais pas que tu me voies comme ça, ai-je dit à Cal.

— Tamara m’a raconté ce qui s’était passé. Tu crois que Bree l’a fait exprès ?

J’ai repensé à l’expression de son visage, à son air effrayé quand elle m’avait vue en sang.

— Non, c’est un accident.

— Si tu le dis… Je t’ai apporté des bricoles.

Il a brandi devant mes yeux une petite plante en pot d’un gris argenté.

— Artemisia, ai-je murmuré, me rappelant le nom latin.

Je l’avais appris dans mon manuel d’herbologie.

— Merci, elle est très jolie.

— Oui. On l’appelle plus couramment « armoise ». Elle a plein de propriétés.

Il m’a ensuite donné un petit tube où l’on pouvait lire Arnica montana.

— C’est un médicament homéopathique. Il aide à guérir les contusions, les bleus, etc. Je lui ai jeté un sort pour que tu te remettes plus vite, a-t-il ajouté en chuchotant. Et le meilleur pour la fin : un Yop ! Je parie que tu ne peux pas mâcher, mais ça, tu pourras toujours le boire à la paille. En plus, c’est un aliment parfaitement équilibré : bien crémeux, bien gras et plein de chocolat. Tout y est !

Je n’ai pas pu m’empêcher de rire, malgré la douleur.

— Merci beaucoup, t’as vraiment pensé à tout !

— Le dîner sera prêt dans cinq minutes, a crié ma mère dans la cage d’escalier.

— OK, j’ai compris le message, m’a murmuré Cal en souriant.

Il m’a pris la main et a fait courir ses doigts sur ma peau. Je n’avais qu’une envie, le serrer dans mes bras, lui, mon muìrn beatha dàn.

— Est-ce que je peux t’être utile ?

Je savais que cela signifiait : « Veux-tu que je te venge ? »

— Non. Laisse couler.

— OK pour cette fois, mais c’est tout. Ça craint qu’elle réagisse comme ça. Bon, il faut que j’y aille, appelle-moi dans la soirée si tu veux.

Il s’est levé et, très délicatement, il a posé la main sur mon visage. Il a fermé les yeux et a marmonné des mots que je ne comprenais pas. Puis j’ai senti une vague de chaleur pénétrer ma peau, et la douleur s’est en partie dissipée.

— Merci, ai-je répété. Et surtout merci d’être venu.

Je l’ai regardé partir, puis j’ai placé quatre petites billes d’arnica sous ma langue. Ensuite, je me suis rallongée, apaisée.

Le soir même, mon nez et ma bouche étaient nettement moins enflés et je n’avais presque plus mal.

Le jour suivant, je suis restée à la maison. J’avais bien meilleure mine, mis à part le point de suture noir sur ma lèvre.

À deux heures et demie, j’ai appelé ma mère à son travail pour l’avertir que je passais chez Tamara récupérer les devoirs. Elle s’est un peu inquiétée que je sorte si vite, mais je l’ai rassurée en lui promettant de conduire avec prudence.

Arrivée au lycée, comme je ne pouvais pas camoufler Das Boot – elle méritait bien son surnom tant elle était énorme –, je me suis garée dans une rue parallèle. Je savais que Bree passerait par là en sortant du parking. J’aurais pu l’attendre devant chez elle, mais je n’étais pas sûre qu’elle rentrerait directement.

Je n’avais pas de plan précis. Je voulais simplement qu’on mette les choses au point une bonne fois pour toutes. Avec un peu de chance, on pourrait même se réconcilier. Comme ils m’avaient tout raconté, la situation avec mes parents s’était améliorée et, depuis l’incident avec Bakker, je me sentais aussi plus proche de ma sœur. Maintenant, je voulais arranger les choses avec Bree. Chassez le naturel, il revient au galop : je la considérais toujours comme ma meilleure amie et je ne supportais pas de la détester. La scène dans le gymnase avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, il fallait que ça cesse.

En plus, j’avais lu dans les livres que la seule voie vers la magye pure était la clarté. Les sentiments négatifs voilaient le chemin. À long terme, une telle inimitié ne pourrait que bloquer mes pouvoirs.

Quand Bree est passée devant moi dans sa voiture, j’ai failli ne pas la voir. J’ai démarré au quart de tour et je suis restée aussi loin derrière elle que possible.

Elle a conduit jusque chez elle, mais, au moment où je m’arrêtais derrière un minibus marron, la Peugeot noire de Raven a déboulé dans la rue et Bree est ressortie de la maison. Elles ont échangé quelques mots sur le trottoir puis ont grimpé dans la voiture de Raven, qui a laissé un nuage de fumée grise et puante dans son sillage.

Mince, ça, ce n’était pas prévu au programme. Où est-ce qu’elles allaient ?

Poussée par la curiosité, je les ai suivies jusqu’en dehors de la ville, vers le cimetière où on avait passé Samhain. J’ai caché ma voiture à bonne distance, derrière un arbre énorme.

Je les avais perdues de vue, mais je me rappelais le chemin qui serpentait entre les champs, traversait le ruisseau et grimpait vers le bois. J’avançais doucement, les sens déployés pour guetter leurs voix. Je ne savais pas vraiment ce que j’étais venue faire ici et je me sentais un peu coupable de les espionner, mais il fallait que j’en apprenne plus sur leur nouveau coven. C’était le moment ou jamais.

Quand je suis arrivée près du cimetière, je les ai aperçues de loin : elles étaient appuyées contre le sarcophage de pierre qui nous avait servi d’autel lors de Samhain. Comme elles ne parlaient pas, j’ai compris qu’elles attendaient quelqu’un.

Je me suis assise derrière une vieille tombe, sur le sol froid et humide. J’avais mal au visage, et le point de suture sur ma lèvre me démangeait. J’ai regretté de ne pas avoir emporté mes granules d’arnica.

Soudain, Bree s’est retournée vers le bois.

Une femme est sortie de l’ombre, ou plutôt une fille ayant un ou deux ans de plus que Raven à tout casser. Plus je la regardais, plus elle me semblait jeune. Sa beauté était indescriptible, presque étrange. Ses cheveux blond très clair – à la limite du blanc – étaient coupés à la garçonne et contrastaient avec sa veste en cuir noir. Ses pommettes saillantes lui donnaient l’air d’une Suédoise et sa bouche pulpeuse semblait trop grande pour son visage. Mais son regard était plus fascinant encore, même aperçu de loin : tels deux puits sans fond, ses grands yeux noirs absorbaient la lumière et ne renvoyaient aucun éclat.

Elle les a saluées à voix basse et, à la réaction de Bree et de Raven, j’ai compris qu’elle leur demandait si elles étaient sûres que personne ne les avait suivies. Malgré l’assurance des deux autres, la nouvelle venue a scruté les environs et son attention s’est portée plusieurs fois dans ma direction. Si c’était une sorcière, elle sentirait ma présence. J’ai vite fermé les paupières en essayant de bloquer mon esprit, de devenir invisible, de me fondre dans l’environnement. Je ne suis pas là, tu ne me vois pas, tu ne m’entends pas, tu ne sens rien du tout. J’ai répété cette phrase dans ma tête jusqu’à ce que les trois filles reprennent leur discussion.

Centimètre par centimètre, je me suis redressée un peu pour les surveiller.

— Une vengeance ? a demandé la blonde d’une voix riche et mélodieuse.

— Oui, a répondu Raven. En fait, il y a…

Un coup de vent a secoué les branches et le bruissement des feuilles m’a empêchée d’entendre la suite. Elles parlaient si bas que je devais me concentrer de toutes mes forces pour saisir leurs paroles.

— La magye noire, a dit Raven, et Bree lui a lancé un drôle de regard.

— … pour qu’une personne cesse d’en aimer une autre.

Leurs propos ne me parvenaient que par bribes. C’était l’inconnue qui avait parlé en dernier. À côté des auras de Raven et de Bree, la sienne brillait d’une lumière pure qui s’élevait vers le ciel comme une épée brandie dans la pénombre du cimetière.

— Leur coven… notre nouveau groupe… une fille très puissante… Cal… Le samedi soir, à différents endroits…

La conversation n’en finissait pas, et j’étais de plus en plus frustrée de ne pouvoir en entendre davantage. Le soleil allait bientôt se coucher, et je commençais vraiment à avoir froid. Je n’y comprenais rien. Elles avaient mentionné le nom de Cal, et je supposais que la « fille très puissante », c’était moi. Mais qu’est-ce qu’elles manigançaient ? Il fallait que j’en parle à Cal.

Mais je ne pouvais pas partir maintenant, elles me verraient à coup sûr. J’ai dû attendre qu’elles se séparent enfin, quarante minutes plus tard. Je ne sentais plus mes jambes, mes fesses étaient gelées et mon visage me faisait un mal de chien. Avant de me lever, j’ai attendu que le bruit de la voiture de Raven disparaisse au loin.

En regagnant Das Boot, j’ai eu l’impression que quelqu’un m’observait, mais, quand j’ai pivoté, je n’ai vu personne. Je me suis dépêchée de monter dans ma voiture et de fermer la portière.

Mes mains étaient si engourdies, si raides qu’il m’a fallu un instant pour insérer la clef dans le démarreur. J’ai allumé les phares et fait demi-tour. J’avais peur et j’étais agacée. Je me sentais complètement idiote et naïve d’avoir pu penser que Bree et moi, on pourrait se réconcilier. Que manigançaient-elles : elles n’allaient quand même pas se tourner vers la magye noire pour se venger de moi et de Cal ?

En arrivant, j’ai pris une douche brûlante pour me réchauffer et j’ai appelé mon muìrn beatha dàn pour lui donner rendez-vous le lendemain après les cours, sous le grand saule.

L'éveil
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